Genève, le 1er mai 2020

Chers Choristes

Je suis non seulement confiné, tout comme vous, mais aussi consterné ! Il commençait à devenir très pesant pour nous tous de ne pouvoir faire certaines choses qui nous tiennent à cœur et au chœur, par exemple de ne plus pouvoir nous rencontrer, chanter ensemble, ensemble manger et déguster une bonne bouteille ou nous retrouver au « stamm » autour d’une focaccia et d’une bonne Grim. Bien que, par la voix du porte-parole du Conseil fédéral, une colombe nous ait survolé, ait lâché un rameau vert laissant présager une terre lointaine, la perspective d’un port, d’une ouverture sur de nouveaux horizons, celle d’un premier déconfinement en laissant espérer d’autres, voilà une manchette de la Tribune de Genève qui nous renvoie en pleine mer.

Vous êtes sans doute beaucoup à l’avoir lue comme moi, cette manchette du 29 avril, et à avoir poussé la curiosité à ouvrir le journal, à lire l’article qui nous annonce une seconde vague de l’épidémie pour l’été, plus sévère que celle que nous venons de traverser. A croire que les journalistes cherchent à nous faire peur pour stimuler la vente des journaux… Il y a sans doute un peu de cela, mais pas que… Non, hélas, il ne s’agit vraisemblablement pas d’un fake new, façon Trump, qui sait si bien « trumper » son monde, mais d’informations bien étayées, bénéficiant d’une solide caution scientifique. Il reste que le pire n’est jamais certain.

Néanmoins, en ces temps difficiles, où j’aimerais vous annoncer de bonnes nouvelles, il me vient à l’esprit les paroles que Churchill a adressées aux Anglais en mai 1940 : – Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur (je cite de mémoire). Et tel a bien été le sort du peuple britannique pendant cinq ans. En comparaison, le nôtre est tout de même beaucoup plus doux, et dans la durée et dans les privations qu’il nous réserve. Et puis, il faut bien le dire, nous ne sommes pas seuls en cause ! Les festivals de l’été sont annulés les uns après les autres. C’est là aussi pour nous un peu de consolation.

Alors prenons patience, ne nous laissons pas gagner par le désespoir, songeons que chose longtemps attendue nous délecte d’autant mieux. Que la Joie demeure !

Pour le comité, le président

Michel Rychner