Concert 2023

L’Apocalypse de Louis Spohr

GRAND CONCERT DU VENDREDI SAINT 2023

CATHÉDRALE SAINT-PIERRE DE GENÈVE

DIE LETZTEN DINGE

L’APOCALYPSE

Oratorio de Louis SPOHR

CHŒUR DE LA CATHÉDRALE

SAINT-PIERRE DE GENÈVE

ENSEMBLE ORCHESTRAL DE LA CITÉ

DIRECTION FLORENCE KRAFT

Présentation du projet 

Die Letzen Dinge, que l’on traduit communément par l’Apocalypse, pourrait tout aussi bien porter le titre de Destinations Ultimes ou Le Monde d’Après. Ce célèbre oratorio de Louis Spohr (1784 -1859), violoniste, compositeur, chef d’orchestre et pédagogue allemand, fut donné pour la première fois à Kassel, le 24 mars 1826, jour du Vendredi-Saint, et connut d’emblée un succès triomphal. Repris lors du Festival de Musique à Düsseldorf quelques mois après, il fallut prolonger le festival d’un jour pour permettre une seconde représentation. Traduit en anglais, il amena Spohr quatre ans plus tard à être célébré en Angleterre comme le compositeur vivant le plus éminent de son temps.

Bien qu’inspiré exclusivement de textes bibliques, cette composition, dans la mouvance post révolutionnaire, est certes religieuse mais non liturgique, Elle adopte le mouvement d’idées qui, avec Carl Dalhaus, avançait qu’« une musique dite religieuse ne se doit pas d’être nécessairement liturgique ». Ce mouvement crée alors un style esthétique qui exalte avec ferveur la grandeur et le sérieux du destin humain au-delà du liturgique et du confessionnel.

Toujours dans le même esprit, cette composition s’adresse aux grandes sociétés chorales et symphoniques nouvellement créées. En effet, c’est au début du 19e siècle que l’on vit naître  de grandes sociétés musicales à Londres comme à Vienne et la salle dorée du MusikVerein à Vienne témoigne de l’importance sociale accordée à la musique symphonique à cette époque.

On observera que le thème de l’eschatologie était cher à Louis Spohr. C’est ainsi qu’il s’y était déjà essayé en 1812 dans un premier Oratorio intitulé Le Jour du Jugement. Mais cette œuvre trop élitiste ne convaincra pas. Il se remit donc à l’ouvrage à l’invitation de son librettiste Friedrich Rochlitz et composa Die Letzten Dinge. Cette œuvre, plus accessible, plus « égalitaire », connut alors l’engouement que l’on sait. À propos de ce 2e Oratorio, Spohr écrivit à son élève Ernst Reiter à Bâle : «L’œuvre se prête bien à une représentation d’une société de choristes amateurs, les chœurs et les solos ne sont pas trop difficiles et gratifiants à chanter. La partie orchestrale, cependant, n’est pas si facile, surtout les deux ouvertures et le grand récitatif de basse de la 2e partie doivent être soigneusement pratiqués ».

 

Plan de l’œuvre :

  1. Ouverture

Première partie:

  1. Soli (SB) e Coro : Preis und Ehre Ihm

Louange et Gloire à Lui

  1. Recitativo (TB) : Steige herauf

Elevez-vous !

  1. Solo et Chœur : Heilig, heilig

Saint, Saint

  1. Recitativo (T): Und siehe, ein Lamm das war verwundet

Et voyez, un agneau qui a été blessé

  1. Solo (S) et Coro : Das Lamm, das erwürget ist

L’agneau sacrifié

  1. Recitativo (AT) : Und alle Kreatur/Betet an

Que chaque créature lui rende grâce

  1. Recitativo (AT) : Und siehe, eine grosse Schar

Et voyez une grande foule

  1. Soli (SATB) e Coro : Heil dem Ermarmer

Paix aux miséricordieux

  1. Sinfonia

Deuxième partie:

  1. Recitativo (B) : So spricht der Herr

Ainsi parle le Seigneur (récitatif, solo B)

  1. Duetto (ST) : Sei mir nicht schrecklich in der Not

Seigneur, ne m’abandonne pas

  1. Coro : Si ihr mich von ganzem Herzen suchet

Si tu me cherches de tout ton coeur

  1. Recitativo (T): Die Stunde des Gerichts

L’heure du jugement

  1. Coro : Gefallen ist Babylon i

Babylone est tombée (refrain) / C’est arrivé!

  1. Soli (SATB) e Coro : Selig sind die Toten

Heureux sont les morts

  1. Recitativo (SA) : Sieh, einen neuen Himmel

Vois, un nouveau Ciel

  1. Recitativo (T) e Quartetto : Une siehe, ich komme bald

Et vois-tu, j’arrive bientôt (récitatif, solo T et quatuor)

  1. Soli (SATB) e coro : Gross und wunderlich sind deine Werke

Grandes et merveilleuses sont tes œuvres !

 

Après les Ténèbres la Lumière

Si l’ouverture exploite des thèmes qui reviennent comme leitmotivs au cours de l’œuvre, le groupe des solistes, quant à lui, joue tantôt le rôle de choristes, tantôt celui de solistes, de sorte que l’ensemble forme une unité. Les parties les plus dramatiques, telles que la Chute de Babylone et la Sinfonia servent à mettre en lumière les versets pleins d’espoir que sont la victoire sur la Mort « qui n’existe plus » et la Joie de la Vie éternelle  désormais sans fin. En conclusion, le titre qui, de prime abord, pourrait laisser imaginer une série d’épisodes et de fresques terrifiants, annonce  une méditation mystique et rayonnante sur les Destinations ultimes et le Monde d’Après. Après les Ténèbres la Lumière.